Le drame de l’agriculteur est celui de l’isolement


"Tous les spécialistes le constatent, les agriculteurs sont pleins de pudeur. « Ils masquent leurs difficultés. Ils ont honte de faire déraper une affaire souvent patrimoniale depuis des générations, ce qui les entraîne à des comportements parfois jusqu’au-boutistes », indique Raymond Vial de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture. Les chiffres sont sans appel.

Un rapport publié cet automne de Santé publique France (ex-Institut de veille sanitaire) et de la Mutualité sociale agricole met en évidence les chiffres des suicides dans le secteur. L’étude, qui porte sur 2010 et 2011 a constaté 253 décès par suicide chez les hommes et 43 chez les femmes. « La comparaison de la mortalité par suicide des agriculteurs exploitants à celle des hommes du même âge dans la population française a montré un excès de suicides de 20 % », indique le rapport.

Les classes d’âge les plus concernées sont celles de 45 à 54 ans. Le secteur laitier et l’élevage de bovins sont les plus touchés. « Cet excès de mortalité coïncide avec la temporalité des contraintes financières liées à la crise économique, juge le rapport. Ces dernières sont subies par le monde agricole depuis 2007, notamment pour le secteur de l’élevage bovin, particulièrement affecté. »
Plusieurs structures tentent de venir en aide aux agriculteurs avant qu’il ne soit trop tard. C’est le cas de l’Association des familles d’agriculteurs victimes du suicide.

L’État et la MSA ont aussi créé Agri’Ecoute, où les appels d’agriculteurs en détresse sont gérés 24 heures sur 24 par SOS Amitiés et SOS Suicide Phénix. Au cours du premier semestre de 2016, les bénévoles d’Agri’Ecoute ont reçu 1.700 appels, soit 285 coups de fil par mois, contre 100 au cours de la même période de 2015. "

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